Pour l'abolition des frais de scolarité: Part III


Maintenant, le sous-financement universitaire. Si nous avons déjà démontré (sur le sous-financement lire FTQ, FEUQ, IRIS) que les 620 M$ exigés par la CREPUQ est un lapin sorti d’un chapeau, il est plus difficile d’établir les vrais besoins des universités. L’argument est sans doute plus complexe, mais sa simplification par certains étudiants m’a laissé perplexe. Il est étrange pour moi de dénoncer la CREPUQ qui base son calcul sur la moyenne des frais de scolarité des universités canadiennes, en répondant à la fois, il est ridicule de se comparer et de toute façon le Québec dépense plus par étudiant que les autres provinces.

 L’IRIS parle d’un mal-financement. C'est-à-dire que l’argent est là, mais qu’il est mal distribué. Selon l’IRIS, si on compare les sommes allouées aux étudiants «on obtient un total de 29 242 $ de dépenses par étudiant au Québec, comparativement à 26 383 $ pour l’Ontario et à 28 735 $ pour le reste du Canada [… ] seuls les États-Unis et la Corée du Sud devancent le Québec au poste de la dépense globale par étudiant» (Faut-il vraiment augmenter les frais de scolarité? IRIS, 2011). La question que soulève cette étude, c’est que si le Québec dépense plus que les autres provinces pourquoi a-t-il besoin de plus d’argent? En fait, ce n’est pas tout à fait le cas. En vérifiant les indicateurs du MELS, on remarque que la Colombie-Britannique dépense plus que le Québec, soit 32 976 $ et que ces chiffres ne sont pas pondérés en fonction des différences structurelles et du coût de la vie :
Parmi les autres différences structurelles, mentionnons les différences dans la composition des effectifs étudiants par cycle et domaine d’études dans les uni ver si tés. Ainsi, le fait que les universités du Québec comptent une proportion plus élevée d’étudiants inscrits dans les secteurs disciplinaires plus coûteux et aux cycles d’études universitaires supérieurs explique, en partie, leur dépense par étudiant plus élevée (Indicateurs du MELS, 2011).

En fait, quand on tient compte de la pondération, les dépenses sont à peu près similaires. Ces coûts s’expliquent aussi par un rapport étudiant-professeur plus élevé au Québec. Il y a en moyenne 21,2 étudiants par enseignant au Québec pour 22,2 pour le Canada et 25, 2 pour l’Ontario. L’écart entre l’Ontario et le Québec s’explique aussi par le fait que les frais de scolarité élevés financent les bourses et réduisent la part de l’État. Est-ce le modèle que nous cherchons à suivre? 
En 2005, il y avait eu un consensus entre les différents acteurs du milieu universitaire par rapport à la perte des transferts fédéraux en éducation après 1995. On avait évalué une perte annuelle de 375 M$. Une somme qui malgré les efforts du gouvernement n’a jamais été totalement réinjectée dans le réseau. À partir de 1996, les universités canadiennes ont sensiblement augmenté les frais de scolarité pour combler le manque à gagner, mais ce ne fût pas le cas du Québec.     

Est-il vraiment utile de débattre du mal-financement ou du sous-financement? Peut-être pas, mais cet exercice cherche surtout à nuancer la question et permettre de se concentrer sur ce qui est le plus important : le financement. Il n’est pas question de nier la mauvaise gestion de certains administrateurs, mais plutôt de démontrer que les besoins des universités est une question arbitraire qui dépend du projet qu’on lui assigne, que ça soit le financement intégré, un salaire étudiant ou la gratuité scolaire, et d’en tenir compte pour trouver les sommes récurrentes et nécessaires pour le financer. 
À suivre...

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