Pour l'abolition des frais de scolarité: seconde partie


Pourquoi le gel n’est pas un gain? Je vais répondre en commençant par le cas des cycles supérieurs. Loin de moi l’idée de vouloir faire du «cyclisme», mais comme il sera question du régime d’Aide Financière aux études (AFE), il est plus facile d’utiliser des bénéficiaires du programme qui sont autonomes. En fait, on pourra aussi voir dans cette démarche (élitiste) une tactique pour échapper plus facilement aux clichés de l’enfant gâté/Ipod-Roi, et du même coup, profiter de cette occasion pour montrer que contrairement à ce que l’on peut croire, les étudiants à la maîtrise et au doctorat ne roulent pas sur l’or.

Comme je l’ai déjà mentionné dans un autre billet, depuis 2005, 70% des étudiants de maîtrise et plus de 42 % des étudiants de doctorat n’ont pas de bourses d’excellence ni de récompenses au mérite. À la maîtrise, ils sont 80,1 % à ne pas recevoir du financement de leur directeur de recherche contre 76,9 % des étudiants au doctorat (Sources et modes, CNCS, 2006). Si le gouvernement cède, l’automne prochain les étudiants à temps plein aux cycles supérieurs (les plus démunis) vont continuer à payer 3 251,70$ et s’endetter de 4 860 $ par année (2 420$ de plus que le premier cycle). Selon le dernier rapport de l’AFE, on parle d’un endettement moyen de 5 140 $ par année pour les cycles supérieurs. Dans les faits, c’est 43% des étudiants aux cycles supérieurs qui demandent un prêt au régime d’AFE (Rapport AFE, 2008-2009) et on peut s’attendre à voir ces chiffres grimper si les libéraux ne cèdent pas.

Juste part ? Cela veut-il dire qu’il y a deux types de juste part? Si le gouvernement voulait vraiment bonifier l’AFE, pourquoi n’a-t-il pas rétabli cette injustice plutôt que de l’accentuer? Le doctorant en philosophie et le bachelier en droit vont sensiblement faire le même salaire. Pour un retour en impôt similaire, le premier aura investi plus d’argent que le second. Est-ce juste? Il n’avait qu’à aller en droit me direz-vous, mais je vous laisse imaginer un monde rempli d’avocats. Blague à part, il y a une double iniquité entre les programmes et les cycles, à la fois au niveau des frais de scolarité et de l’AFE. Un gel n’est pas un gain parce qu’il confirme une vision où la recherche fondamentale n’a pas le même statut qu’une formation professionnelle. Sans de nouvelles sommes en AFE, les étudiants qui exigent le gel consentent (à leur insu) à cette idéologie et mettent en péril la relève universitaire.   
À suivre...

Comments

Popular posts from this blog

La francisation au Québec est-elle un échec?

103 Millions

Pour l'abolition des frais de scolarité: un choix de société